Quand le fils rend hommage au père
Maurice Rostand se souvient...
Maurice, le fils aîné d'Edmond Rostand fut aussi un versificateur de talent. Ses vers, s'ils sont inégaux, sont parfois remarquables. Et nous ne pouvions que remarquer ceux-ci...
Maurice Rostand a écrit ces trois quintils à l'occasion de la ?création? de la pièce le 19 décembre 1938, à la Comédie Française. ?Création?, en effet car c'est le mot que l'on emploie au Français pour parler de l'entrée d'une pièce au répertoire, même pour si celle-ci a déjà connu des milliers de représentations depuis presque 39 ans...
A cette occasion, le fils , qui n'avait que 7 ans le soir du 28 décembre 1897, quand Coquelin triompha, rend hommage au père, au personnage et à la pièce avec une sincérité et une émotion qui nous touchent encore au-delà des siècles et des siècles... Et tant pis si j'exagère, car comme l'a justement dit quelqu'un (mais qui donc ?) : « Il est bon d'exagérer ainsi ! »
Cyrano ! Que de temps vécu, d'heures passées,
De visages éteints, de bonheur engourdi ;
Le poète... L'acteur... Du fond de nos pensées,
Toute une ascension de minutes glacées
Monte comme du fond de la mer. On nous dit :
« Votre père commence une pièce nouvelle.
Ne parlez pas si fort ! Ne jouez pas si haut ! »
Puis des vers nous venaient, en grands battements d'ailes.
On nous disait alors le nom... (je me rappelle)
De la pièce inconnue ! Et c'était Cyrano !
Puis ce fut l'éclatante et célèbre première !
L'article de Faguet. Le foudroyant succès !
La gloire se posait sur le front de mon père...
Tout ce qu'au moment même on ne distingue guère,
Tout ce qui fait pleurer quand on y pense après.
Maurice Rostand
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Ludovic Diamant-Berger
Publié le 18 / 06 / 2005.
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