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Coquelin, le 1er Cyrano

Au Théâtre de la Gaîté aussi

la critique d'Edouard Gauthier

De 1904 à 1907, Coquelin prend la direction du théâtre de la Gaîté, il y emmène son Cyrano avant de retourner avec lui à la Porte Saint-Martin.

La série de cartes postales de la galerie reprend des vues de ces deux théâtres.



Ces Messieurs Coquelin, ayant à la Gaîté, une entreprise de représentations dramatiques, ne pouvaient faire plus sagement que de rejouer Cyrano, à défaut de nouveauté prête à paraître. A leurs galeries comme à leur parterre, le public s'est empressé pour revoir la célèbre comédie héroïque de M. Rostand.


Il plaît, ce Cyrano. Sa fierté gasconne flatte notre peu de fierté française devenue très bourgeoise ; la redondance de ses propos, l'insolence de ses rodomontades nous enchantent, sa verve, sa fantaisie, son ironie envers les solennels nous ravissent, et l'invraisemblable plumeau qui écrase son feutre ne saurait nous choquer, car c'est un panache dont l'effronterie ne fléchit devant quiconque. Ses manières romanesques nous changent des toutes menues intriguent que nos théâtres ne veulent plus développer en dehors de leurs boudoirs étroits.



Il plait, ce Cyrano. Ses contempteurs - demeurés très nombreux ? ne l'attaquent guère que sous la couverture du volume qui tient ses rimes. Il est évident que sa poésie typographiée, toute nue, privée de mouvement, de l'ambiance du décor, de la parure du costume, de l'artifice du débit, accuse des tares et des outrances ; mais, vrai, juge-t-on la valeur d'une décoration de théâtre d'après l'aspect assez lamentable qu'offrent, sur le trottoir, ses formes vulgairement badigeonnées ? Etablit-on la critique d'un « plafond » d'après les perspectives bizarres qu'il déploie, et la débauche de couleur qu'il affiche contre les murs plats et dans la lumière diffuse du Salon ? Les vers de Cyrano ne sont peints que pour vivre à la scène.



Cyrano de Bergerac réunit, à la Gaîté, les mêmes interprètes qu'il eût si longtemps à la Porte-Saint-Martin. M. Jean Coquelin fait Ragueneau, M. Volny représente, non sans élégance, Christian de Neuvilette. MMM Gravier et Péricaud commandent toujours les Cadets. Le comte de Guiche a changé de M. dsjardins à M. Rosemberg : celui-ci, moins distingué que son prédécesseur, prononce un peu sentencieusement ses discours. M. Coquelin demeure Cyrano : Cyrano de très belle allure générale.



Mme Cora Laparcerie-Richepin assure la quatrième incarnation de Roxane au Théâtre de Paris. Elle ne possède no la grâce minaudière de Mlle Legault, ni l'afféterie délicieuse de Mme Yahne, mais elle prouve plus de souplesse que Mlel Gilda Dharty. C'est une Roxane qui dit parfaitement le vers, mais en demeurant uniformément souriante ; son jeu manque de nuances ; dans ce rôle de précieuse, elle est trop femme. Pour comble, on a truqué abominablement son expressive physionomie de tragédienne brune, en la couvrant d'une éploration de boucles blond-de-chanvre... Les trois ou quatre rimes qui disent Roxane blonde n'exigeaient point cet étrange emperruquement ! Au cinquième acte, Roxane, coquette, se garde de blêmir son visage et de cendrer ses cheveux : elle n'est pas, alors, assez douloureuse no mélancolique dans les crêpesd'un deuil de quatorze années...



Cyrano fut, à la Gaîté, remonté à neuf. La salle de comédie de « l'Hôtel de Bourgogne » garde la même ordonnance et la « Rôtisserie des Poètes< ses mêmes appétissants motifs de comestibles. Pour le « Baiser de Roxane », M Ronsin et son talentueux adjoint, M. Bertin, ont innové un décor ravissant qui conserve la plantation obligée des logies voisins de Roxane et de Clomire, mais révèle dans les lointains une ruelle montueuse, où des pignons pressés cognent leurs toits renflés. Le camp de M. Lemeunier est fort judicieusement établi. Puis le jardin roux, du cinquième acte, aussi de MM Ronsin et Bertin, évoque la tristesse dont s'adoucit la mort héroïque de M. de Bergerac.

Edouard Gauthier, « Chronique de Quinzaine, La Revue Théâtrale, Février 1904




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Publié le 01 / 07 / 2005.


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