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Cyrano psychiatre inattendu

par Patrice Eon, docteur en psychiatrie

La place et le rôle du psychiatre.


Un pastiche de la Tirade du nez.


Le vicomte de Valvert

Vous autres les psychiatres, vous êtes tous bizarres.

Cyrano

Bizarre, bizarre ? Bizarre ! vous avez dit bizarre ?

Le vicomte de Valvert

Oui !


Cyrano

C'est tout ?

Le vicomte de Valvert

Mais !

Cyrano

Ah! non! C'est un peu court jeune homme

On pouvait dire... Oh Dieu bien des choses en somme.

En variant le ton, par exemple tenez :

Préoccupé : Est-ce qu'un labeur acharné

Vous permet de franchir la barrière des esprits ?

Pouvez-vous pénétrer, j'en serais très surpris,

Les pensées intimes de vos interlocuteurs,

Et vous conduire ainsi comme un affreux voleur ?

Curieux : d'Esculape désirez vous rester

Le disciple? Préférez-vous plutôt tempester

Contre la médecine et nous parler sans cesse

De la philosophie comme de la seule sagesse ?

Révolutionnaire: Comme en soixante-huit

Les étudiants hostiles qui écrivaient la nuit

Sur les murs de nos facs: Psychiâtres, Chimiâtres,

Appartiennent tous au même clan des Friquiâtres.

Envieux : De pouvoir vous prétendez n'avoir

Que celui qu'on vous prête, vous dites ne vouloir

De celui qu'on vous donne officiellement,

Pour mieux utiliser l'autre officieusement.

Descriptif : Quelle est donc votre clientèle ?

Les patients, chez qui les problèmes s'amoncellent ?

Les membres des équipes qui sans cesse se querellent ?

Où sont-ce vos soucis qui ici se démêlent ?

Vindicatif : Les psys monsieur, quelle folie,

Prolifèrent comme une véritable chienlit,

Quel fléau, partout, tels des rapaces, ils s'immiscent.

D'une prise de pouvoir, en sont-ce les prémices ?

Littéraire : Qu'est-ce donc la psychothérapie ?

Un rasant bavardage de marchand de tapis ?

Une science efficace de grande qualité

Et dont l'utilité n'est plus à démontrer.

En fait tous ici sont des psychothérapeutes,

Et, sans le vouloir; ils rejoignent la meute

De ceux qui, en prenant exemple sur l'illustre

Monsieur Jourdain, font de la prose depuis des lustres

Sans s'en apercevoir. Pour le réaliser

Il a fallu Balint qui a pu démontrer

Que le médicament le plus utilisé

C'est pour sûr le médecin, sans qu'on sache le doser.

Reconnaissant : Sans votre art, tous ces malheureux

Remplis de désespoir qui sont bien trop peureux

Pour affronter la vie rechercheraient la mort,

Refusant les soucis, nous laissant le remord.

Interrogatif : De quelle prescription

Pouvez-vous justifier ? Les rééducations

Ne sont pas absorbées, comme toutes les drogues,

Avec passivité, un peu de psychologue

Vous ne pouvez prescrire, que si le technicien,

Si compétent soit-il, veut y mettre du sien.

Anxieux : Des prétentions très hégémoniques

De la psychanalyse, qui sur tout applique

Sa grille de lecture, il faut se méfier

En gardant du bon sens et ne pas trop s'y fier.

Campagnard: Bé moi j'cré bin qu'ces drôles de coucous

Qui soignent les fous sont bin plus fous qu'leurs fous.

Faut s'méfier, la dinguerie c'est comme la p'tite vérole,

Rud'ment contagieux, y passent tous à la casserole.

"Voilà ce qu'à peu près mon cher vous m'auriez dit,

Si vous aviez eu un peu de lettres et d'esprit.

Mais d'esprit, ô le plus lamentable des êtres,

Vous n'en eûtes jamais un atôme,et de lettres

Vous n'avez que les trois qui forment le mot : sot !

Eussiez-vous eu, d'ailleurs l'invention qu'il faut

Pour pouvoir là, devant ces nobles galeries

Me servir toutes ces plaisanteries,

Que vous n'en eussiez pas articulé le quart

De la moitié du commencement d'une, car

Je me les sers moi-même avec assez de verve

Mais je ne permets pas qu'un autre me les serve."


Bel exercice de style, merci Patrice !





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FRANCE


  Auteur

Patrice Eon

Patrice Eon



Publié le 01 / 11 / 2016.


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